Day One: Station Mont-Royal
La station Mont-Royal est intéressante parce qu'elle n'a qu'une sortie, et elle est miraculeusement aussi chaleureuse qu'un immense nid à pigeons entouré d'une mini-mer de béton peut l'être. Il y transite toujours de belles gences, il s'y passe toujours quelque chose. En mai, ce quelque chose est un marché de produits plus ou moins locaux qui vend surtout des fleurs, parce qu'il ne pousse pas encore grand chose au Québec.
J'aime bien photographier les fleurs. Elles sont dociles et photogéniques. Je me sentais edgy, alors ça ne suffisait pas d'avoir que des fleurs dans le cadre; il fallait que j'y ajoute un background qui parle du lieu et de l'époque de la fleur, comme pour la rendre immortelle.
Et comme j'ai un grand coeur, je ne me limite pas aux belles fleurs qui ont encore une valeur marchande.
La plupart des fleurs photographiées cette journée-là sont trop floues ou mal éclairées, parce que j'utilise une petite Fujifilm '5x zoom 14 megapixels' en mode automatique, et que mes bras d'humaine ne sont pas aussi stables qu'un trépied.
Sur le chemin du retour à la maison, j'ai croisé quelques fruiteries. J'aime bien photoraphier des rangées de fruits jusqu'à l'abstraction, parce que j'aime les fruits et j'aime les rangées de couleur. Mais des baies sombres dans des tits cups en plastique, ça n'est pas très photogénique et il n'y avait que ces melons. Que j'ai su rendre terrifiants. On dirait une rangée de fesses de cadavres de noyés qu'on aurait mis en vente rapide pour une raison saugrenue.